Les Zurichois ont refusé de baisser l’impôt sur le bénéfice des entreprises, lors de la votation populaire du 18 mai. Il restera le plus élevé de Suisse, après celui de Berne. Les opposants craignaient que la réforme n’entraîne des pertes fiscales massives – on parlait de trois cent cinquante millions de francs par an. L’argument a fait mouche, aussi bien dans les villes penchant à gauche que dans les campagnes traditionnellement à droite. Un petit coup d’œil sur la situation genevoise aurait pu permettre de mieux cerner les enjeux. Le canton a aussi voté sur une baisse massive de la fiscalité des entreprises en 2019. La perspective de pertes fiscales a également été brandie par les opposants pendant la campagne. Le canton lui-même parlait de pertes théoriques de trois cent cinquante millions de francs par année. La baisse est entrée en vigueur au plus mauvais moment, alors qu’éclatait la pandémie de covid-19. On aurait pu craindre que cela n’aggrave les pertes.
Cinq ans plus tard, on dispose d’un peu de recul pour en évaluer les effets. Loin de déboucher sur des pertes, la baisse fiscale a été suivie d’une hausse de 28% des revenus de l’impôt sur le bénéfice, en cinq ans. Il a rapporté trois cent soixante millions de francs de plus en 2024 qu’en 2019. Cela a permis au canton de dégager des excédents record – 541 millions de francs en 2024, meilleur résultat de l’année en Suisse.
Une partie de ces résultats est attribuable à la conjoncture – le négoce de matières premières, notamment, a tiré parti des incertitudes internationales. Il fait cependant peu de doutes que la baisse fiscale a aussi joué un rôle. Les partisans de la réforme soulignaient qu’avec un taux d’imposition plus bas, les entreprises sortiraient plus volontiers des bénéfices, plutôt que de thésauriser. Qu’elles investiraient plus facilement, ayant gagné de la marge de manœuvre financière.
Tout se passe comme si la réalité s’était calquée sur ces arguments, même si l’on ne dispose pas d’études pour étayer ce constat. Ce qui n’est pas une surprise: l’effet a été constaté lors de toutes les dernières baisses de la fiscalité des entreprises, au niveau fédéral comme cantonal. Les Zurichois ont donc eu tort de se laisser effrayer par les arguments des opposants. Ils en paieront le prix, en voyant de plus en plus d’entreprises choisir des cieux fiscalement plus sereins – comme ceux de leur voisin zougois.
En autorisant les services tiers, vous acceptez le dépôt et la lecture
de cookies et l'utilisation de technologies de suivi nécessaires à leur
bon fonctionnement. Voir notre politique de confidentialité.