Le nucléaire s’impose comme source d’énergie indispensable
Flavia Giovannelli
Publié vendredi 13 décembre 2024
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#Atome Pour répondre aux besoins en électricité dans le contexte actuel, les lignes stratégiques sont en passe de bouger.
En 2017, les Suisses se sont prononcés en faveur d’un avenir sans nucléaire. Depuis lors, le contexte du marché de l’électricité et de la politique énergétique a profondément évolué, impliquant de reconsidérer cette stratégie.
La Confédération vise la neutralité carbone d’ici à 2050 et le remplacement intégral des énergies fossiles repose largement sur une électricité respectueuse du climat. L’adoption de la loi sur l’électricité1 le 9 juin 2024 confirme l’engagement du peuple suisse dans cette transition. Cette loi ouvre la porte à de nouvelles technologies pour répondre à des besoins en hausse, un enjeu amplifié par l’augmentation démographique et la pression sur l’approvisionnement énergétique en Europe depuis le début de la guerre en Ukraine. Dans ce contexte instable, compter sur des importations en quantités constantes et suffisantes devient un pari risqué. Le 5 décembre 2024, l’énergéticien Axpo, en accord avec l’inspection fédérale de la sécurité nucléaire, a obtenu l’autorisation de prolonger l’exploitation de Beznau jusqu’en 2033. La plus vieille centrale d’Europe aurait dû fermer en 2030, mais cette décision confirme un changement subtil de stratégie.
Forte dépendance
Actuellement, quatre centrales nucléaires sont en service en Suisse, qui assurent environ un tiers de la production électrique nationale. «Le peuple a également décidé que les centrales nucléaires existantes pouvaient continuer à fonctionner tant qu'elles respectent les normes de sécurité», rappelle Marianne Zuend, porte-parole à l’Office fédéral de l’énergie (OFEN). Autrement dit, l'énergie nucléaire continuera à jouer un rôle crucial dans le mix énergétique suisse au cours des prochaines années.
«Les exploitants prévoient de maintenir les centrales existantes pour une durée d’au moins soixante ans. Ce laps de temps doit être mis à profit pour accélérer le développement de la production d'électricité renouvelable, des infrastructures de stockage ainsi que des réseaux électriques en Suisse. Il n’est pas certain que cette évolution soit suffisamment rapide pour répondre à la demande croissante en électricité», précise Marianne Zuend.
Annonce atomique
Fin août 2024, Albert Rösti a provoqué un véritable séisme politique en déclarant que le Conseil fédéral envisageait de revoir l’interdiction de construire de nouvelles centrales nucléaires. Cette proposition prendrait la forme d’un contre-projet indirect à l’initiative populaire fédérale Stop au blackout. Le texte prévoit la modification de la législation actuelle et sera mis en consultation d’ici à la fin 2024. L’objectif affiché est d’assurer la sécurité de l’approvisionnement en énergie à long terme. Ce contre-projet entend ainsi se réserver la possibilité de garantir la quantité actuelle d’électricité indigène.
«La Suisse a besoin de toutes les sources d'énergie pour produire suffisamment d'électricité», a martelé le Conseiller fédéral en charge du Département fédéral des transports, de l’énergie et de la communication. Néanmoins, les opposants soulignent un obstacle majeur: le temps. En effet, la construction de nouvelles centrales nucléaires nécessiterait entre seize à dix-huit ans à compter de la demande d’autorisation générale jusqu’à la mise en service, sans parler d’un éventuel référendum qui pourrait ralentir encore davantage le processus.
Collaborations étrangères
La sécurité de l’approvisionnement en électricité dépasse largement les frontières. La Suisse, acteur clé sur les marchés européens de l’électricité, est traditionnellement un exportateur net. Elle participe également de manière active à des initiatives internationales dans ce domaine. En tant que membre de l'Agence internationale de l’énergie atomique et de l'Agence de l’énergie nucléaire, la Suisse s’engage à renforcer la sécurité et la sûreté nucléaires pour prévenir la prolifération et promouvoir l'utilisation pacifique de cette technologie en faveur du d’écloppement durable au niveau mondial. Cette coopération porte également sur la recherche2. «L’objectif principal est l’acquisition et le partage de connaissances sur la sécurité des centrales nucléaires en exploitation à long terme, mais aussi l’évaluation des progrès des nouvelles technologies nucléaires et des concepts de réacteurs», conclut Marianne Zuend.
1 Loi fédérale relative à un approvisionnement en électricité sûr reposant sur des énergies renouvelables.
2 Coopération dans la recherche sur les réacteurs www.psi.ch/en/news
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