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Population et économie: entre espoirs et doutes

Véronique Kämpfen Publié le jeudi 20 juin 2024

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Que pense la population de l’économie? Cette question, les représentants des entreprises et du patronat, au premier rang desquels la FER Genève, se la posent souvent. Une étude de Sensor Advice, un cabinet de conseils politiques, vient apporter des éléments de réponses et déconstruire quelques préjugés. La population suisse n’est pas dans une posture négative à l’égard de l’économie. En revanche, des craintes relatives à la perte de «valeurs suisses» et à des lacunes matérielles se font jour. Sur l’ensemble des sujets traités, parmi lesquels la globalisation ou l’innovation, les risques ont davantage été évoqués que les opportunités. Bien que la Suisse connaisse une situation économique bien meilleure que celle des pays voisins, la population a malgré tout le sentiment que l’orage approche. Les doutes par rapport à la globalisation et aux exportations augmentent. Des notions comme l’indépendance ou la pression concurrentielle prennent de l’importance. Les Suisses restent cependant pragmatiques et, lorsqu’il s’agit de fixer des priorités, la sécurité matérielle, qui dépend largement de l’économie et de ses liens avec l’étranger, prend le dessus. Concernant le marché de l’emploi, les personnes interrogées sont très en faveur d’une préférence nationale et, sans surprise, jugent la situation à l’aune de leur expérience personnelle. La place des seniors au travail, la difficulté pour les jeunes de trouver un premier emploi et les tensions en zones frontalières sont vues d’un œil critique. Les représentants de l’économie sont attendus sur ces questions. Sur un autre plan, un système d’imposition simple et avantageux est jugé comme essentiel. Les questions de la transition écologique et énergétique sont jugées comme très importantes par la majorité des répondants, qui craignent que les objectifs de zéro émissions nettes à 2050 soient inatteignables. De grands espoirs sont placés dans la capacité d’innovation des entreprises suisses, notamment s’agissant des énergies renouvelables, alors que les discours moralisateurs rencontrent de la résistance. L’éventualité d’une baisse du niveau de vie de la classe moyenne est aussi une inquiétude très présente. Quelles conclusions tirer de cette étude? Que les représentants de l’économie doivent chercher le dialogue avec la population et écouter ses préoccupations, sans idées préconçues. L’économie a la possibilité d’agir et de rassurer en étant ouverte et transparente. La FER le fait en rencontrant tous les jours des entreprises et en agissant en faveur de l’employabilité, du partenariat social et en développant de nouveaux produits, notamment en faveur de la durabilité. C’est en dialoguant que l’économie pourra accompagner les évolutions de la société.