#V. Guimet & Fils SA L’entreprise genevoise fête ses cent cinquante ans en faisant toujours plus appel à la technologie pour entretenir les conduits.
Vous imaginez que pour vidanger un conduit d’eau, il faut des bottes, des brosses et être prêt à se salir? Faux. «Nos employés travaillent de plus en plus avec des joysticks et des écrans pour piloter des drones et des robots», explique Sylvain Roch, septième génération à la tête de Guimet & Fils S.A. «Cela n’a rien de salissant.» L’entreprise familiale genevoise vient de fêter ses cent cinquante ans de belle manière, en terminant deuxième du dernier prix SVC (prix Swiss Venture Club, qui encourage l’esprit d’entreprise).
Fondée en 1873, Guimet a commencé dans la construction. Elle y a ajouté l’assainissement une vingtaine d’années plus tard, à une époque où Genève croissait à toute vitesse et adoptait le tout-à-l’égout. Cette dernière activité représente aujourd’hui environ 90% de son chiffre d’affaires. Le reste est constitué par des travaux de maçonnerie sur les canalisations.
Innovation
Le prix SVC a notamment récompensé les efforts d’innovation de l’entreprise. Le principe de la vidange n’a pas changé depuis les débuts. Il s’agit de débarrasser les colonnes d’eau (verticales) et les canalisations (horizontales) de tout ce qui peut les obstruer, ainsi que des mauvaises odeurs ou des bactéries qui peuvent y proliférer, en y envoyant de l’eau. On profite de l’intervention pour contrôler l’état des conduits. Traditionnellement, les vidanges étaient effectuées en y injectant des quantités pharamineuses d’eau froide, tirées des hydrants – les bornes qu’utilisent aussi les pompiers. Aujourd’hui, Guimet envoie de l’eau chaude à haute pression dans les colonnes, «un peu comme un karcher», image Sylvain Roch. «Cela nettoie beaucoup mieux, tout en utilisant environ 80% d’eau en moins.» Tout cela sans produits chimiques: l’entreprise n’en a jamais utilisé.
Intelligence artificielle
L’état des colonnes et canalisations est contrôlé avec des caméras 3D placées sur des robots, voire des drones quand les conduits sont assez grands pour cela. Les images sont analysées en temps réel à l’aide d’une intelligence artificielle mise au point par un fournisseur, afin de repérer les éventuels défauts. «Cela nous permet de gagner environ 30% de temps sur une intervention», estime Sylvain Roch. «A l’avenir, cela pourrait être 60%, à mesure que l’intelligence artificielle se perfectionne et que nous nous familiarisons avec elle.»
Les besoins en personnel par intervention ont diminué: où il fallait trois collaborateurs, il n’en faut maintenant plus que deux. Plutôt que de diminuer son personnel, Guimet a accru ses activités, en achetant de nouvelles camionnettes et en s’étendant de plus en plus vers le canton de Vaud. Avec l’accroissement de la population, le marché est en effet en expansion, même si la concurrence s’est renforcée ces dernières années.
Matériel coûteux
Le prix de l’intervention, lui, est resté constant. «Nous avons moins de frais de main-d’œuvre, mais le matériel est beaucoup plus cher», remarque Sylvain Roch. «Une camionnette nous coûtait cent cinquante mille francs, aujourd’hui, trois cent mille.»
Le fleuron du parc véhicule de l’entreprise vient d’ailleurs d’être livré. Il s’agit d’un camion de curage entièrement électrique. Non seulement le moteur, mais également la pompe fonctionnent grâce à une batterie, d’une autonomie d’environ six heures. Un investissement d’un million et demi de francs, soit le double d’un camion traditionnel. «C’est un gros pari; ce camion sera le premier du genre au monde à être opérationnel», se réjouit Sylvain Roch. Un pari induit surtout par le souci de l’entreprise pour l’environnement. «Il s’agit cependant d’une technologie de transition, en attendant les camions à hydrogène», estime Sylvain Roch.
Nouveaux locaux
En pleine croissance, avec une centaine d’employés, Guimet commence à se sentir à l’étroit dans les locaux qu’elle occupe aux Pâquis depuis 1911.
L’entreprise déménagera une grande partie de ses activités à Vernier vers la fin de cette année, tout en conservant ses locaux historiques pour les interventions au centre-ville. Une nouvelle implantation va aussi être créée à Etoy, pour se rapprocher des clients vaudois. «Il s’agit surtout de diminuer les temps de trajet», explique Sylvain Roch. n
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