«Il ne faut pas mettre de limites aux scientifiques»

Daria Robinson, présidente du Geneva Science and Diplomacy Anticipator.
Daria Robinson, présidente du Geneva Science and Diplomacy Anticipator. GESDA
Flavia Giovannelli
Publié lundi 23 septembre 2024
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#Anticipation La présidente de la fondation GESDA veut préparer le monde aux inventions de demain.

«Quand on a commencé à commercialiser les organismes génétiquement modifiés (OGM) dans les années 1990, les débats publics sur la sécurité alimentaire, la réglementation et l’impact environnemental se sont intensifiés. Si nous avions mieux préparé l’opinion – sans préjuger des qualités ou défauts des OGM – nous aurions évité de perdre dix ans», lance Daria Robinson, présidente du Geneva Science and Diplomacy Anticipator (GESDA).

Mettre en réseau les plus grands laboratoires scientifiques

Fondée à Genève par la Confédération en 2021, cette ambitieuse fondation œuvre pour la diplomatie d’anticipation. Bien que peu médiatisée pour le moment, elle poursuit des buts d’une importance fondamentale: mettre en réseau les plus grands laboratoires scientifiques au monde pour suivre leurs avancées dans des domaines aussi variés que la physique quantique, les neurosciences, l’écologie, la biologie ou l’IA.

Invitée par l’Union Suisse des attachés de presse à tenir une conférence à la FER Genève le 12 septembre, Daria Robinson a captivé son auditoire par son parcours et sa vision, qui se démarque du pessimisme ambiant concernant l’impact du progrès sur l’humanité. Diplômée en astrophysique de l’Université de Genève, ayant travaillé avec Michel Major, prix Nobel de physique, avant de rejoindre l’Agence spatiale européenne, elle est profondément ancrée dans le monde scientifique.

Daria Robinson se distingue également par ses compétences en communication, un trait rare dans ce milieu. Elle est la porte- parole idéale du GESDA au sein de l’écosystème genevois, qui groupe organisations internationales et hautes écoles de renommée mondiale. Le congrès annuel du GESDA, qui se tiendra du 9 au 11 octobre prochain à Genève, réunira ainsi plus de mille scientifiques, diplomates, décideurs politiques, managers privés et représentants de la société civile pour discuter des enjeux actuels.

L’un des thèmes majeurs sera l’accès des moins favorisés au progrès. «Il ne faut jamais brider les scientifiques qui, comme les créateurs, peuvent suivre une intuition pour imaginer ce qui changera le monde», affirme Daria Robinson. Le GESDA joue un rôle clé à cette étape, en se projetant à un horizon de cinq à dix ans. La présidente cite trois exemples imminents: l’utilisation de l’ADN pour le stockage de données, l’alimentation génétiquement modifiée et des vaccins révolutionnaires pour des cultures plus résistantes aux maladies. La science œuvre-t-elle vraiment pour le bien de l’humanité? Consciente des paradoxes, Daria Robinson ne se montre pas naïve. Elle croit en un équilibre fragile. «Bien sûr, des aspects culturels influencent l’éthique et la compétition entre chercheurs est réelle. Il est cependant inutile de réprimer des idées. Au contraire, nous plaidons pour leur accessibilité en open source. Il appartient à la diplomatie et aux politiques de réguler ces avancées pour favoriser la paix et améliorer les conditions de vie pour la majorité.»

La science est-elle utopique? Selon Daria Robinson, le futur s’annonce en tout cas passionnant.

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