Comment anticiper les futures réglementations sur les plastiques?
Cent tonnes de plastiques divers ont été déversées dans le Léman en 2024.
Daniella Gorbunova
Publié lundi 31 mars 2025
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#Léman
L’association pour la sauvegarde du Léman tire la sonnette d’alarme sur la quantité de microplastiques déversés dans le lac Léman.
A l’image du CO2, les très polluants plastiques et micro- plastiques risquent d’être soumis à une réglementation accrue dans les années à venir. Comment les entreprises concernées peuvent-elles anticiper et s’adapter de manière proactive? Julien Boucher, docteur EPFL en chimie environnementale, livre ses pistes.
Cent tonnes. C’est la quantité de plastique déversée dans le Léman rien qu’en 2024, selon Léman Plastic Action. Un chiffre marquant, rappelé face à un parterre de plus de deux cents personnes lors d’une conférence organisée par l’Association pour la sauvegarde du Léman (ASL) au Campus Biotech, à Genève, le 18 mars 2025. Elle visait à sensibiliser le grand public à la thématique.
Produits cosmétiques, industrie automobile, peintures de façade pour les bâtiments: plastiques, macroplastiques ou microplastiques, ils sont partout. Et on le sait désormais: la pollution à ces molécules affecte aussi bien l’environnement que notre corps, bien que les effets néfastes liés à l’ingestion humaine commencent tout juste à être véritablement étudiés. Quoi qu’il en soit, les études qui existent à ce jour semblent indiquer des liens de causalité possibles entre l’ingestion de ces substances et des infections et inflammations, par exemple. A l’image des mesures de lutte contre le CO2, il y a fort à parier que les industries concernées - celles qui ont, d’une façon ou d’une autre, du plastique dans leur chaîne de production - connaîtront prochainement de plus en plus de réglementations.
Des mesures plus ou moins contraignantes au niveau suisse étant possibles, comment les entreprises qui travaillent avec ces matériaux peuvent-elles prendre les devants? Julien Boucher, l’un des principaux intervenants lors de la grande conférence de l’ASL, esquisse quelques pistes pour mieux anticiper l’avenir.
Besoin d’un cadre commun?
L'expert commence par la bonne nouvelle: «Comme c’est un sujet très préoccupant pour les consommateurs, beaucoup d'entreprises ont déjà agi, avant qu’agir ne devienne légalement obligatoire». Mais, bonne volonté ou pas, «comme il s’agit d’un sujet assez nouveau, je pense que les entreprises ont besoin d’un cadre commun, pour pouvoir mieux communiquer sur ce qu’elles font pour lutter contre la pollution au plastique».
Que ce soit via le recyclage ou l’utilisation de matières de remplacement au plastique, pour Julien Boucher, les entreprises les plus compétitives de demain sont celles qui se préparent le mieux aujourd’hui. Et qui sont prêtes à mettre en place un système de reporting. Parmi tous les plastiques, les microplastiques présentent le plus grand défi.
Ces petites particules de moins de cinq millimètres proviennent, entre autres choses, de la partie en caoutchouc de l'usure des pneus. Un impact qu’il sera difficile de limiter.
L'expert admet: «On ne sait pas exactement comment faire, dans l’immédiat, pour limiter cette pollution. Pour la question de l’usure des pneus sur la route, qui libère des microplastiques, une manière de résoudre le problème serait peut-être d’introduire plus de stations d’épuration des eaux de chaussée dans nos villes pour collecter au maximum les eaux de ruissellement sur les routes et les purifier. Il y a en déjà un certain nombre, notamment en Suisse alémanique et sur les grandes routes». En résumé, difficile pour l’industrie de l'automobile d’agir seule, les infrastructures des villes jouant un rôle prépondérant dans la lutte contre la pollution routière.
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