Utiliser le résidu fibreux de la canne à sacre pour faire du papier.
Maurice Satineau
Publié samedi 15 mars 2025
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#Papier
Seize tonnes de papier fournies aux bureaux et commerces sans abattage d’arbre. C’est le pari d’une start-up romande qui essaime au niveau national et au-delà des frontières.
Dans les bureaux lausannois de Pepeuf, entreprise fondée en juillet 2024, on scrute avec attention la météo en Argentine. D’immenses champs de canne à sucre certifiés lui fournissent sa matière première: la dénommée bagasse, soit le résidu fibreux de la canne à sucre passée par un moulin pour en extraire le suc. Elle se compose de 60% de cellulose, de 30% d’hémicellulose et de 10% de lignine. Cent tonnes de canne livrent dix tonnes de sucre et trente-quatre de matières organiques.
Moins polluant
Une fois le sucre produit, ces déchets sont transformés sur place en pâte à papier avec nettement moins d’énergie que pour traiter de la sorte un tronc d’arbre. Transport compris, les feuilles de papier affichent environ trois cents grammes de CO2 par kilo contre près de neuf cents pour les rames issues des forêts. Selon les calculs de Pepeuf, le papier neuf deviendrait ainsi moins polluant que le papier recyclé. Du point de vue technique, «ce matériau est lui-même recyclable beaucoup plus facilement, car ses fibres sont plus longues», explique Lucas Letailleur, l’un des fondateurs de l’entreprise.
Des partenariats
Ce papier est utilisé en Suisse pour des usages courants, avec en ligne de mire le parc de photocopieuses. Vingt-cinq mille carnets produits à Genève, grâce à un partenariat avec la fondation EPI et la fondation Trajets, très actives dans l’insertion professionnelle, sont déjà écoulés sur le marché helvétique, en France et en Belgique. Outre diverses boutiques, y compris à Berne et à Saint-Gall, une vingtaine de bureaux de postes ont accepté de diffuser ces réalisations. Le tout génère un chiffre d’affaires «au-delà du seuil de rentabilité», selon Jérémie Didi, également à l’origine de la démarche. Un magasin éphémère apparaîtra dans la vieille ville genevoise entre le 31 mars et le 20 avril. Si les volumes continuent de croître, les 10% de coûts supplémentaires par rapport au papier ordinaire devraient s’estomper, en laissant le champ libre pour de nouvelles applications.
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