Frederique Constant à l’heure des célébrations

Niels Eggerding, CEO de Frederique Constant.
Niels Eggerding, CEO de Frederique Constant.
Flavia Giovannelli
Publié vendredi 05 janvier 2024
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#Horlogerie Le groupe Frederique Constant a vécu une année anniversaire particulière avec les trente-cinq ans de la marque et les cent quarante ans d’Alpina.

L’histoire de Frederique Constant est une success story à la mode genevoise, en 1988. A l’origine, Aletta et Peter Stas, un couple de Hollandais ne venant pas de la tradition horlogère, a lancé la marque Frederique Constant, avec des modèles swiss made proposés à des prix attractifs. La maison se distingue ainsi de la concurrence et connaît une ascension rapide. Elle gagne ses galons de manufacture reconnue et se renforce peu à peu dans le segment mécanique. L’histoire, riche en succès, se poursuit jusqu’en 2016, année où les dirigeants remettent le destin de ce qui est devenu le groupe Frederique Constant entre les mains d’un autre groupe, le japonais Citizen. Les fondateurs avaient espéré transmettre leur entreprise à l’un de leurs enfants mais ceux-ci n’étant pas intéressés, ils ont fini par trouver cette solution, s’assurant que la continuité soit garantie par Niels Eggerding, désormais directeur général. De la même nationalité qu’Aletta et Peter Stas, ce dernier a fait ses classes au sein du Swatch Group, avant d’intégrer Frederique Constant en 2012. Dynamique, souriant et sans langue de bois, Niels Eggerding se confie au terme d’une année qui aura été jalonnée d’événements importants pour le groupe, à savoir le trente-cinquième anniversaire de la marque éponyme, tandis qu’Alpina, reprise par le groupe en 2002, fêtait ses cent quarante ans.

Pouvez-vous décrire le groupe Frederique Constant?

L’entreprise Frederique Constant a emménagé dans sa propre manufacture, à Plan-les-Ouates, en 2006. Le site abrite également Alpina, rachetée en 2002, et Ateliers de Monaco, une autre marque maison, synonyme de haute horlogerie. Près de cent cinquante collaborateurs se trouvent dans ce bâtiment, agrandi en 2019 pour accompagner notre développement. Avec 6200 mètres carrés, nous sommes à l’aise pour assurer la conception, la fabrication, la mise en boîte et l’expédition de nos montres dans les meilleures conditions. Nous avons aussi un important réseau de boutiques qui nous permet d’être présents en Amérique, en Asie et au Moyen-Orient, en plus de l’Europe, le bastion historique.

Qu’est-ce qui vous a motivé à reprendre la direction en 2018?

J’ai vécu toutes les étapes de la croissance de la marque, devenue un groupe, depuis ma rencontre avec Peter Stas, à Baselworld. Je travaillais alors pour le marché du Benelux pour Longines, une marque du Swatch Group. J’ai accepté de rejoindre Frederique Constant pour reprendre la direction des ventes. Une première visite à Genève m’a convaincu de saisir cette opportunité, même si la transition n’a pas été facile à vivre, en particulier pour des raisons familiales. Après la revente du groupe Frederique Constant à Citizen, il était convenu que j'en devienne directeur général, avec pour mission de développer des calibres maison innovants et de renforcer la présence de la marque dans le monde. Tout s’est fait dans la plus grande transparence et avec l’accompagnement des fondateurs. C’était aussi plus facile pour moi de m’imposer au sein d’une entreprise où tout le monde me connaissait.

Les années de la pandémie ont-elles ralenti vos ambitions?

Elles ont été difficiles à vivre. Après des années de forte croissance, la branche en général a subi des ralentissements. Le secteur où nous opérons a essuyé la vague de plein fouet et il a fallu retrouver une dynamique au sein des équipes. L’arrivée de nouveaux collaborateurs enthousiastes a entraîné un renouveau précieux et nous avons tous retrouvé une meilleure motivation. Aujourd’hui, non seulement les résultats ont été bons, mais les carnets de commande sont pleins. Nous espérons développer de nouveaux marchés très prometteurs, comme l’Inde.

A quoi attribuez-vous cette réussite?

En premier lieu, au fait que nous ayons renforcé notre offre de montres mécaniques, créées, développées, fabriquées et assemblées dans notre manufacture de Plan-les-Ouates. Certains de nos modèles présentent des atouts dignes des marques de haute horlogerie, mais avec des prix qui restent raisonnables. Nous y parvenons grâce à la rationnalisation de l’ensemble de nos processus et parce que nos marges sont comparativement bien moins élevées que celles des marques de prestige. Nous investissons clairement davantage dans les produits que dans le marketing. Aujourd’hui, l’ère de la surenchère est terminée: toute personne intéressée par les montres peut avoir accès à l’information, notamment grâce aux communautés numériques. Il est facile de pouvoir estimer réellement la valeur des produits. Autrement dit, nous sommes sur un marché arrivé à maturité.

L’année qui vient de s’écouler se distingue-t-elle par le fait que vous avez célébré deux anniversaires importants?

Les moments festifs ont en effet été nombreux. En 2023, Frederique Constant a passé le cap des trente-cinq ans. Même si c’est encore récent, ce parcours a été jalonné de développements importants. Nous comptons trente et un calibres maison, ce qui implique un rythme de développement soutenu. Nous sommes également fiers d’avoir conçu des modèles qui sont déjà devenus iconiques, comme le Monolithic, sorti en 2021, qui abrite un oscillateur révolutionnaire à base de silicium (organe réglant qui joue un rôle clé au sein des mouvements mécaniques - ndlr). Cela nous permet de conforter notre place parmi les marques à la fois techniques et esthétiques. Notre première participation à Watches and Wonders le souligne aussi. Avec Alpina, qui a fêté ses cent quarante ans cette année, nous disposons de nombreuses archives qui sont une magnifique base pour revisiter des modèles historiques et jouer sur la tradition et l’innovation. Au-delà de cette année festive, l’important est surtout de nous projeter vers l’avenir.

Que faites-vous pour attirer les talents?

Il n’est pas toujours facile de recruter les meilleurs profils dans notre domaine. L’approche managériale des nouvelles générations est différente de ce que j’ai connu. Il faut leur accorder beaucoup de souplesse et de flexibilité. Il est important pour nous de montrer que Frederique Constant évolue avec son temps, de mettre en lumière les aspects passionnants de notre métier, mais aussi d’aller au-devant du public. Nous le faisons, par exemple, en participant à l’événement Autour du temps, au travers de journées portes ouvertes de manufactures à Plan-les-Ouates, grâce à notre musée interactif et en proposant des ateliers d’initiation.

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