Innovation: la vision large de l’OMPI

Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, Genève.
Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, Genève. Marek Ślusarczyk
Flavia Giovannelli
Publié mardi 16 janvier 2024
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#Innovation L’Indice global de l’innovation donne chaque année le pouls des tendances, avec l’analyse des forces et des faiblesses de cent trente-deux économies sur les cinq continents.

L’Indice global de l’innovation a été créé en 2007 par l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI). Pour la treizième année consécutive, la Suisse y occupe la première place.

Plus de quatre-vingts indicateurs - qui concernent des domaines tels que l’éducation, la recherche et le développement, les conditions cadre ou la stabilité politique - sont ainsi passés au crible pour affiner le résultat. «En tant qu’institution des Nations unies, l’OMPI espère ainsi identifier les grandes tendances actualisées et les éventuels changements de paradigmes», résume Sacha Wunsch-Vincent, coéditeur de l’Indice global de l’innovation, à l’OMPI.

Se fiant aux derniers chiffres, cet expert confirme que le financement des jeunes entreprises connaît un ralentissement certain dans le monde, après quatre années d’euphorie. La courbe a commencé à s’infléchir en 2022 déjà, confirmant la fin du capital facilement disponible. Ce retournement s’explique par plusieurs facteurs économiques, comme la montée des taux et de l’inflation. Les investisseurs sont plus prudents en matière de prise de risque, ce qui pénalise les jeunes entreprises de haute technologie, notamment.

«Ces dernières années, au-delà des têtes de file habituelles en matière d’innovation, dont la Suisse, les pays européens et les Etats-Unis, un groupe de pays émergents a commencé à se glisser progressivement dans le classement», observe Sacha Wunsch-Vincent, citant la Chine, qui s’approche des dix premiers, l’Inde, le Vietnam et certains Etats africains ou le Brésil. Il espère tout de même que le ralentissement du financement par capital-risque constaté ne va pas ralentir cette progression.

Privilégiée pour son excellence, la Suisse ne fait pas face aux mêmes défis. Il n’en est pas moins vital pour elle de garder son titre de championne, sachant qu’elle ne peut pas miser sur ses ressources naturelles pour consolider sa croissance. Il lui faut rester à la pointe des tendances et les experts suggèrent ainsi de soutenir les innovations en matière d’énergies renouvelables ou biotechnologiques.

Le risque vu par les banques

A la tête du Thematic Private Equity Health chez Pictet, Pierre Stadler sait repérer les opportunités d’investissement attrayantes dans des sociétés non cotées. Ses équipes ont deux activités principales: allouer des actifs à des partenaires situés dans le monde entier et investir directement dans des fonds de clients dans des sociétés privées, en collaboration avec ces partenaires. Il observe que les start-up qui seront les moteurs de l’innovation appartiennent en grande majorité à trois domaines essentiels: la technologie, la santé et l’environnement. Ce dernier thème étant devenu marquant pour l’évolution de la société, Pictet aligne sa politique d’investissement à ces valeurs.

Financement stratégique

Si Pierre Stadler est en mesure d’apprécier les qualités des start-up suisses, il note toutefois une certaine faiblesse lorsqu’il s’agit de partir à la chasse au financement, surtout une fois passé le cap initial. Ainsi, la culture helvétique n’aurait pas encore atteint le niveau d’excellence qui se pratique notamment aux Etats-Unis. «Il existe pourtant dans le monde des fonds appropriés à des soutiens importants. C’est pourquoi, nous tentons de rapprocher des start-up certains experts capables de les guider concernant ce volet stratégique», conclut-il.

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