#Electricité Si le but de l’Allemagne est de produire une électricité neutre pour le climat, elle n’y arrivera pas d’un coup. Dans une étape intermédiaire, elle veut donc remplacer les centrales à charbon par des centrales à gaz.
Alors que la production électrique allemande comprend une part de plus en plus élevée de photovoltaïque et d’éolien (environ un tiers), elle reste cependant très néfaste pour le climat. Elle continue en effet à faire recours à des centrales à charbon, particulièrement émettrices de CO2,, pour un autre tiers. Un kWh produit en Allemagne émet ainsi en moyenne 4,5 fois plus de CO2 que la même quantité d’électricité produite en France, et presque dix fois plus que celle produite en Suisse. Une partie de ce courant «sale» est d’ailleurs consommé dans notre pays, même si les statistiques officielles ne captent qu’une partie de ces flux.
Le photovoltaïque et l’éolien ne pourront jamais remplacer entièrement les centrales à charbon allemandes. L’électricité doit être en effet produite au moment où on la consomme: elle ne se stocke pas encore à large échelle. Or, la production photovoltaïque et éolienne ne dépend pas de la demande, mais de la météo. Il faut donc disposer d’autres sources pour produire quand les nouvelles énergies renouvelables ne sont pas en mesure de répondre à la demande.
La Suisse peut le faire avec ses barrages et ses centrales nucléaires. Ayant peu d’hydroélectricité et étant sortie du nucléaire, l’Allemagne se repose sur les énergies fossiles – gaz et charbon.
Quarante centrales
C’est dans ce contexte qu’elle veut mettre en service environ quarante centrales à gaz. «A première vue, cela peut paraître absurde de vouloir construire des centrales thermiques fossiles, quand le but est un monde neutre climatiquement», écrit l’hebdomadaire Die Wirtschaftswoche. «Mais c'est actuellement la seule possibilité de sortir rapidement du charbon.»
Ces centrales ne devraient fonctionner au gaz que provisoirement. A plus long terme, elles doivent pouvoir brûler de l’hydrogène produit avec de l’électricité photovoltaïque ou éolienne, et donc climatiquement neutre.
La construction d’une nouvelle centrale à gaz a été lancé à Altbach/Deizisau, dans le Bade-Wurtemberg. Elle est destinée à remplacer une centrale à charbon située sur le même site, qui est une des plus grosses émettrices de CO2 du pays, en 2026. La nouvelle centrale devait non seulement émettre environ deux fois moins de CO2, mais aussi nettement moins d’oxydes d’azote, de soufre et de métaux lourds que la centrale à charbon. Elle devrait passer au 100% hydrogène vers 2035.
Flou
Il s’agit cependant d’un cas isolé. Les producteurs ne se précipitent pas pour construire ces nouvelles centrales, remarque Die Wirtschaftswoche. Les conditions cadre sont jugées trop floues pour qu’on puisse déterminer si une telle entreprise serait rentable. On ne sait par exemple pas pendant combien d’heures par années ces centrales pourront être exploitées. Cela dépend notamment des règles d’accès au réseau. Les objectifs de Berlin pour 2030 risquent donc de ne pas être tenus.
Des exploitants commencent à s’intéresser à une autre solution, plus rapide et moins chère: la transformation des centrales à charbon existantes en centrales à gaz. C’est possible dans une grande partie des cas, pour un coût inférieur de plusieurs dizaines de fois à la construction d’une nouvelle installation. Il faut par ailleurs que la centrale se trouve à proximité du réseau de gaz et du tracé du réseau d’hydrogène, que l’Union européenne projette de construire. Des études ont été lancées.
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