L’entreprise genevoise qui a modernisé le fax

Quelle chance de survie donneriez-vous à une jeune entreprise dont le principal produit est un système de fax? Infime, sans doute. Pourtant, dix-huit mois après sa création en 2016, l’entreprise Alohi était déjà dans les chiffres noirs. Comptant aujourd’hui dix-sept collaborateurs, elle est en pleine croissance. Dans les vastes locaux qu’elle loue à Plan-les-Ouates, aménagés avec goût, une partie de l’open space est encore vide. «Nous la gardons en réserve, car nous allons augmenter nos effectifs», explique Alireza Ghasemzadeh, son fondateur.

Puisque l’on parle d’événements improbables, que la société ait été créée à Genève en est un autre. Ingénieur informatique iranien ayant grandi en partie au Canada, Alireza Ghasemzadeh avait déjà fondé deux entreprises dans son pays et cherchait où baser Alohi. «J’étais intéressé par les États-Unis, le Canada, l’Allemagne, l’Espagne, la France et la Malaisie et j’ai été approché par de grands investisseurs aux Etats-Unis, en Allemagne, en Chine et au Kazakhstan. La Suisse était tout en bas de ma liste», relate l’entrepreneur.

Rencontre

Lors d’une foire à Hanovre, il est tombé sur le stand du Greater Geneva Bern Area (GGBA), l’organisme de promotion économique de la Suisse occidentale. Il a alors constaté que la Suisse présentait de nombreux avantages. «Je voulais un endroit économiquement et politiquement stable, avec un écosystème de l’innovation et où je sente que les autorités soient contentes de m’accueillir. En Suisse, je me suis senti traité comme un invité.» Après avoir visité trois cantons, il a opté pour Genève, où il s’est d’abord installé au sein de l’incubateur Fongit.

Voilà pour la petite histoire. Mais le fax, dans tout cela? «Il s’agit du premier produit que nous avons lancé», précise Alireza Ghasemzadeh. «Notre idée n’a cependant jamais été d’être un fournisseur de fax, mais de proposer une suite de produits pour les entreprises. Et pas juste des produits parmi les autres, mais les meilleurs sur le marché.»

Lacune

Si Alohi a commencé avec le fax, c’est parce qu’Alireza Ghasemzadeh a senti un manque. Malgré son imagé désuète, ce moyen de transmission continue à être largement employé pour des raisons légales, par exemple dans le secteur étasunien de la santé. «Pourtant, les produits existants sont peu pratiques à utiliser», juge Alireza Ghasemzadeh. Alohi a donc créé une interface très conviviale, totalement numérique, pouvant être utilisée sur un ordinateur comme sur une tablette ou un téléphone portable. Oubliez les machines ronronnantes et sifflotantes familières aux plus de 40 ans, dont les impressions s’accumulaient pendant la nuit et finissaient par tomber dans le plus grand désordre. FAX.PLUS est entièrement numérique et rappelle davantage des applications grand public telles que Signal ou WhatsApp, tant par son aspect que sa facilité d’utilisation.

Service primé

Un document peut être aisément scanné, partagé, transféré, signé sur écran. On peut lui adjoindre des documents, un message, une feuille de couverture, être alerté lorsque l’on reçoit un document, etc. L’abonnement de base est gratuit, et des abonnements permettent de jouir de davantage de services. «Notre service a été désigné meilleur au monde par des magazines et sites spécialisés tels que PCMAG, ZDNet ou Techradar», relève Alireza Ghasemzadeh.

Même si FAX.PLUS compte environ 2,8 millions d’utilisateurs, dont 80% aux Etats-Unis, il ne s’agit que d’un produit de transition. «Je pense que le fax finira par disparaître, pas tout de suite, mais dans cinq ou dix ans», pronostique l’entrepreneur. Alohi a lancé un deuxième produit cette année, SIGN.PLUS, une plateforme de signature électronique à valeur légale, dont la facilité d’usage et la multitude de fonctions rappelle FAX.PLUS. D’autres produits devraient suivre.

Lesquels? «Cela dépendra des besoins de nos clients», répond Alireza Ghasemzadeh. Ils auront cependant probablement des points communs avec ceux que l’entreprise propose déjà. Soit un haut niveau de sécurité, garanti par plusieurs certifications telles qu’ISO 27001 ou SOC2, une grande facilité d’usage et une conception qui permettent de résoudre des exigences élevées de respect des lois.

Sur les pistes

Alireza Ghasemzadeh, pour sa part, s’est adapté au pays où il ne pensait pas s’installer. Snowboarder de haut niveau (il a représenté l’Iran dans des compétitions internationales), il a traversé la Suisse avec sa femme à la recherche des meilleures stations. Le couple passe maintenant tous ses week-ends sur les pistes. 

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Publié mercredi 10 avril 2024