Dans un monde contemporain où l’information est reine, les chiffres sont souvent brandis comme des étendards de vérité. Pourtant, derrière chaque pourcentage, chaque statistique, se cache un monde complexe fait de nuances et parfois même de manipulations.
Les chiffres bruts sont bien ce que leur nom indique: des faits qui n’ont pas été façonnés par la réflexion. Qui ne se souvient pas du fameux slogan de Paris-Match en 1978, «Le poids des mots, le choc des photos?» À notre époque, nous sommes encore plus souvent confrontés à une communication orientée, qui utilise abondamment des représentations chiffrées pour amener le lecteur là où l’on veut. Celui-ci ne garde d’ailleurs pas toujours la vigilance nécessaire pour s’interroger au-delà des apparences. La première étape vers une compréhension de la signification des chiffres est de reconnaître qu’ils ne sont que des fragments d’un tableau bien plus vaste.
En vue des votations du 9 juin prochain, les parties qui s’affrontent se livrent à une bataille de chiffres. Dans l’ultime ligne droite, les partisans de l’initiative sur le frein aux coûts des primes maladie ont présenté un graphique qui a mis le feu aux poudres: il met en parallèle l’évolution des salaires versus celle des primes de l’assurance maladie obligatoire sur dix ans. Au premier coup d’œil, l’écart entre les deux courbes ne peut qu’interpeller. Cependant, si nous faisons l’effort de comprendre les faits et les enjeux véritables, nous nous apercevons assez vite que ce tableau est biaisé. La critique porte notamment sur le fait que la représentation ne se fait qu’en pourcentage et non en termes absolus, ce qui conduit à ignorer le fait que, malgré tout, les Suisses avaient davantage d’argent à leur disposition en 2022 une fois les primes déduites qu’en 2012. Ce graphique sert d’ailleurs d’argument principal aux jeunes libéraux-radicaux, qui ont déposé un recours contre la votation sur l’initiative pour un frein aux coûts, estimant que la population est induite en erreur par cette illustration officielle des chiffres. Il appartiendra à la justice de trancher. Quoi qu’il en soit, cette actualité rappelle l’importance de ne pas avaler sans réflexion les données brutes. Le conseil n’est pas de se méfier de tout, mais de toujours contextualiser, interpréter et questionner. Parmi d’autres écueils, il arrive souvent que la moyenne et la médiane, deux mesures statistiques, entraînent une certaine confusion ou que les tendances résultant de sondages d’opinion sont induites par la manière dont les questions sont posées. En résumé, il faut savoir naviguer avec précaution dans les méandres de la statistique. C’est ce qui fera toute la différence!
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