La gypserie-peinture poursuit la lutte contre le travail au noir

Gianluca Caragnano, nouveau président du GPG.
Gianluca Caragnano, nouveau président du GPG.
Pierre Cormon
Publié vendredi 24 juin 2022
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#Travail au noir L’ancien et le nouveau président de l’association de la branche parlent de l’évolution du métier, du travail au noir et du futur.

Ce n’est pas encore le règne d’Elisabeth II, mais c’est tout de même un sacré bail. Après dix-huit ans à la tête de la Chambre syndicale des entrepreneurs de gypserie, peinture et décoration du canton de Genève (GPG), Olivier Berchten vient de céder la présidence à Gianluca Caragnano. L’occasion de faire le point avec l’ancien et le nouveau président.

Monsieur Berchten, comment le secteur a-t-il évolué pendant votre mandat?

J’ai sous les yeux le rapport d’activité 1992 de l’association; on y parle de questions qui nous occupent encore, comme la lutte contre le travail au noir, l’adaptation des salaires, le trafic professionnel, etc. Certaines choses ont cependant évolué. Les produits que nous utilisons sont devenus plus écologiques et plus pratiques. Là où nous devions appliquer plusieurs produits en différentes couches, nous n’en utilisons plus qu’un, qui sèche plus vite. Un travail qui prenait huit heures en prend maintenant cinq. Le temps gagné d’un côté est cependant perdu d’un autre. Nous roulons beaucoup plus difficilement. Les chauffeurs passent trois heures par jour dans les bouchons, ce n’était pas le cas il y a dix-huit ans.

Gianluca Caragnano - Le transport professionnel est de plus en plus entravé. Si vous travaillez dans un appartement au huitième étage d’un immeuble, vous êtes obligé de vous garer en double file pour déposer votre matériel. Le temps que vous le montiez et redescendiez, vous pouvez avoir reçu une amende de cent vingt francs. Il y a une vingtaine d’années, on pouvait discuter avec les agents. C’est devenu impossible.

A l’époque, on parlait déjà de travail au noir. Comment les choses ont-elles évolué?

Olivier Berchten - Le phénomène s’est accentué avec l’ouverture des frontières. Notre commission paritaire (qui contrôle l’application de la convention collective de travail, obligatoire pour toutes les entreprises travaillant dans le secteur - ndlr) coopère d’ailleurs avec la police cantonale. Elle lui signale les cas qui nous paraissent relever de la traite humaine: ouvriers vivant à plusieurs dans des sous-sols, payés quelques euros de l’heure, par exemple.

Nous disposons cependant de davantage d’outils pour lutter contre ce phénomène. Il est maintenant possible d’arrêter un chantier, d’inquiéter les maîtres d’ouvrage tolérant ces pratiques et de connaître les entreprises qui ont été épinglées pour non-respect de leurs obligations, que ce soit en matière de travail au noir ou de respect de la convention collective de travail. La Fédération des Métiers du Bâtiment a réuni sur son site toutes les listes noires émanant des autorités, des commissions paritaires et des caisses de compensation. Un maître d’ouvrage qui travaille avec une entreprise ne respectant pas les règles ne peut plus l’ignorer1.

Monsieur Caragnano, quelles sont vos priorités à la tête de l’association?

Olivier a fait un travail fantastique, nous n’avons pas besoin de tout réinventer. Je vais travailler dans la continuité et me laisser un peu de temps pour apporter de nouvelles idées. Il y a sans doute un effort à faire du côté de la communication, pour gagner de nouveaux membres. Il existe environ six cent cinquante entreprises dans le secteur à Genève. Trois cent cinquante sont membres de notre caisse de compensation et cent treize de l’association. Il y a donc un potentiel pour nous agrandir. Nous ne voulons cependant pas accueillir toutes les entreprises: seulement celles qui s’engagent à respecter les règles.

Olivier Berchten - Nous avons une très belle association. Le secrétariat fait un travail fantastique et nous devons le faire savoir. Nous aidons par exemple nos membres à trier et diminuer leurs déchets, dans un souci environnemental.

1www.fmb-ge.ch/controles-et-listes-noires/


L’une des associations

fondatrices de la FER Genève

C’est en 1891 ou 1892 qu’a été créée la Chambre syndicale des entrepreneurs de gypserie- peinture et décoration du canton de Genève, à l’instigation du Grand Conseil. Il s’agissait notamment de mettre sur pied une assurance contre les accidents de travail, à une époque où l’Etat social n’existait pas. Une Chambre syndicale des ouvriers plâtriers-peintres lui servait de partenaire social pour négocier les conditions de travail et notamment les salaires minimaux. Ceux-ci se montaient à cinquante-cinq centimes de l’heure pour les peintres et à soixante-cinq centimes pour les plâtriers. Le GPG a participé à la création de ce qui allait devenir la FER Genève, aux côtés d’autres associations.

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