Le CERN, vaste univers technique

Vue du tunnel qui abrite le LHC.
Vue du tunnel qui abrite le LHC. Photo CERN/cds.cern.ch/record/1211045
Flavia Giovannelli
Publié mardi 02 décembre 2025
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#Formation Le CERN présente ses nombreuses formations à la Cité des métiers.

Si le public associe spontanément le CERN à la physique fondamentale, cette image spectaculaire masque une réalité bien plus large. «Beaucoup imaginent une forteresse réservée aux physiciens, alors que nous comptons plus de deux cent cinquante métiers techniques», rappelle Séverine Lacaze, responsable de l’acquisition des talents. Mécaniciens de précision, électroniciens, spécialistes en cryogénie, automaticiens, informaticiens ou experts en cybersécurité: «toutes ces compétences sont indispensables au fonctionnement quotidien des accélérateurs et des détecteurs».
Cette diversité reste pourtant peu visible, car l’attention se porte surtout sur les grandes découvertes scientifiques. «Derrière chaque avancée, il y a des professionnels qui usinent, câblent, testent ou maintiennent des installations uniques au monde», souligne-t-elle.

Pour attirer les bons profils, le CERN s’appuie sur des processus de sélection poussés. «Nos recrutements impliquent des comités multidisciplinaires, des évaluations techniques, des présentations ou des discussions de projets», explique Séverine Lacaze. L’objectif n’est pas seulement d’identifier des experts: «Nous cherchons des personnes capables d’évoluer dans un environnement pluridisciplinaire, collaboratif et profondément interculturel. Cette combinaison de compétences techniques et humaines devient aujourd’hui l’un des défis majeurs.»
L’aura high-tech du CERN peut parfois impressionner les plus jeunes. «L’image futuriste crée parfois une distance. Or nos métiers sont profondément pratiques: assembler un détecteur, programmer une machine-outil, intervenir sur un aimant supraconducteur», rappelle Séverine Lacaze. D’où l’importance de montrer le quotidien: démonstrations, ateliers, échanges directs avec les équipes techniques. «C’est tout l’enjeu d’événements comme la Cité des Métiers: rendre visible le travail concret.»

Vivier essentiel

Au sein du Centre d’apprentissage, qui fêtera ses 60 ans en 2026, les apprentis constituent un véritable vivier local. «Nos jeunes suivent un CFC suisse, donc leur recrutement dépend du bassin genevois», précise Laetitia Dufay Chanat, responsable des apprentissages techniques. Or certaines filières se raréfient, et le paradoxe surprend: même le CERN n’échappe plus aux pénuries de travailleurs qualifiés. «C’est particulièrement vrai pour les électroniciens CFC, où le nombre de candidats baisse depuis plusieurs années.»
Un paradoxe, car ces profils sont essentiels au fonctionnement des installations. «Les apprentis sont intégrés aux équipes, formés sur des machines et des infrastructures que l’on ne trouve nulle part ailleurs, et leur contribution est réelle dès les premières années.» Au cœur de leurs formations, un environnement technique exceptionnel: le grand collisionneur de hadrons (LHC), des détecteurs de plusieurs milliers de tonnes, des systèmes cryogéniques géants, des aimants supraconducteurs, des laboratoires de haute précision ou encore des infrastructures informatiques parmi les plus avancées d’Europe. Travailler au CERN, c’est évoluer au quotidien sur des technologies uniques. Cela forge une expertise rare et recherchée. L’environnement humain compte tout autant. «Avec plus de cent nationalités et dix-huit mille scientifiques et utilisateurs, nous travaillons en équipes pluridisciplinaires où techniciennes, ingénieurs et chercheurs collaborent en permanence. Cette diversité culturelle fait partie de l’ADN du CERN», rappelle-t-elle.
Pour un jeune, un tel environnement est à la fois stimulant et exigeant. «L’apprentissage est une véritable accélération de maturité. Ils apprennent tôt à travailler en équipe, à s’adapter, à prendre des responsabilités», note Laetitia Dufay Chanat. Le soutien reste constant: «nos maîtres d’apprentissage sont très engagés. Accompagner les jeunes fait partie intégrante de notre culture».
Au-delà de l’environnement, il y a la motivation la plus simple: voir concrètement l’impact de son travail. «Qu’il s’agisse d’assembler un composant, de programmer une machine ou d’assurer la maintenance d’un système critique, le résultat est visible immédiatement. C’est extrêmement valorisant pour un jeune apprenti.»

Hôte d’honneur

Être hôte d’honneur de la Cité des métiers, c’est l’occasion pour le CERN de montrer cette réalité méconnue et d’inspirer de nouvelles vocations. «Nous voulons rappeler que le CERN n’est pas réservé aux scientifiques. Les métiers techniques, manuels et opérationnels y sont essentiels», résume Séverine Lacaze. L’objectif dépasse le simple recrutement: il s’agit de tisser un lien durable avec la région, de valoriser les filières techniques et de faire découvrir aux jeunes une ingénierie de terrain qui permet, chaque jour, d’avancer vers de nouvelles découvertes scientifiques.

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