Le dépôt de brevets et de marques nourrit le succès

L'Observatoire européen des brevets, à Munich.
L'Observatoire européen des brevets, à Munich.
Flavia Giovannelli
Publié jeudi 18 janvier 2024
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#Innovation Championne du monde incontestée de l’innovation, la Suisse a besoin des valeurs immatérielles créées par ses start-up pour s’assurer une économie florissante.

Louée et validée par les classements, la capacité d’innovation helvétique est un des piliers de son économie. Elle se distingue par son engagement dans la recherche et le développement, un environnement propice aux entreprises, surtout celles émanant du secteur très prometteur des deeptechs (développement d’un produit exploitant une innovation d’ingénierie significative, de rupture), ses clusters d’innovation spécialisés et un environnement propice alliant qualité de vie et stabilité politico-sociale. Une mention spéciale doit être faite à la collaboration étroite entre le monde académique (écoles polytechniques fédérales, hautes écoles, universités) et le secteur industriel. La Suisse a donc tout intérêt à conserver son leadership reconnu en ce qui concerne le dépôt de brevets, le plus élevé au monde par habitant. Voici une liste non exhaustive des atouts qui expliquent ce cercle vertueux.

Recherche et développement - Les investissements sont très élevés, avec des centres académiques renommés et des instituts de recherche de pointe.

Clusters d’innovation - Santé, finance, technologie et sciences de la vie, notamment, favorisent une concentration et un réseautage de haute qualité.

Dépôt de brevets - La Suisse arrive en tête des classements mondiaux concernant le nombre de brevets déposés par habitant. Cela montre l’importance accordée à la protection de la propriété intellectuelle, ciment de l’économie.

La collaboration étroite entre académies et industries - L’approche par le biais de partenariats est courante et favorisée.

Financement - L’écosystème est globalement favorable à la disponibilité du capital pour l’innovation. La Suisse sait attirer les investisseurs privés et les sociétés de capital-risque intéressés par des opportunités venant des start-up et entreprises en phase de croissance. Il existe également de nombreuses fondations dédiées à encourager l’innovation dans des secteurs jugés utiles à la société. L’argent public est aussi accessible par le biais de programmes spécifiques et d’organismes de soutien proposant divers mécanismes pour stimuler l’innovation. Les banques s’impliquent aussi par le biais de prêts et crédits dans des projets innovants.


Termes techniques et ressources

Start-up: jeune entreprise innovante avec fort potentiel de croissance.

Spin-off: entreprise créée à partir des connaissances et technologies issues de la recherche, souvent d'un laboratoire universitaire ou scientifique.

Capital-risque: financement intervenant lors de la création de la start-up ou dans ses premières phases de développement.

Levée de fonds: opération consistant à trouver des investisseurs prêts à financer une jeune entreprise et à les faire entrer dans le capital social de celle-ci.

Seed money (ou fonds d’amorçage): financement qui intervient au moment de la création de la start-up, voire même avant son lancement. Les termes série A, B, C, D, E font référence aux différentes étapes des levées de fonds. Chacune répond aux besoins spécifiques d’une entreprise tout au long de sa croissance.

Business angel: investisseur privé qui finance des entreprises, le plus souvent des start-up, innovantes à fort potentiel de croissance.

Voir les plateformes Innosuisse, Startupticker ou Venturelab pour les informations relatives aux PME, start-up et autres organisations dans les activités de R & D.


Deux exemples de start-up en développement

Jean-Pierre Wolf et les maladies de la vigne

Ces dernières années, le mildiou a ravagé de nombreuses espèces de plantes, dont la vigne et les pommes de terre. Or, les agriculteurs se trouvent face à un dilemme: traiter, même massivement, pour éviter cette maladie ou préserver l’environnement mais prendre des risques? «Il reste difficile de prévoir exactement les conditions météorologiques entraînant ce problème», confirme Jean-Pierre Wolf, physicien à l’Université de Genève et entrepreneur. «Ce constat nous amené à  concevoir un outil, à l’aide des technologies laser et de l’intelligence artificielle, susceptible d’améliorer la détection de spores pathogènes dans l’air.» Persuadé de l’utilité économique et écologique de son projet, l’entrepreneur avoue toutefois qu’il court après le financement. Pour le moment, il collabore avec une unité de recherche à l’Agroscope de Changins et bénéficie de l’appui d’Innosuisse. Le prototype est en cours de tests auprès de clients potentiels et de prescripteurs, qui ont indiqué parvenir à diminuer de 30% l’usage de pesticides. L’objectif est d’arriver à un transfert de technologies à large échelle. La technologie sera présentée à Agrovina du 23 au 25 janvier, où les entrepreneurs comptent sur le réseau pour affiner leur projet, notamment en ce qui concerne la tarification. «Nous devons déterminer un montant raisonnable, qui encouragerait les agriculteurs et autres viticulteurs à nous faire confiance», conclut Jean-Pierre Wolf. En attendant, il a déjà trouvé le nom de sa future entreprise: Arialight. 

Eric Ménétré, fondateur d’EEGtal

C’est au sein du groupe de recherche des Hôpitaux universitaires de Genève, en neurologie, qu’Eric Ménétré a eu l’opportunité de monter sa start-up, EEGtal, qui a pour objectif d’améliorer le diagnostic de l’épilepsie. 
Grâce à l’intelligence artificielle, Eric Ménétré a développé un logiciel très prometteur, qui aidera à analyser les résultats des électroencéphalogrammes. Le gain de temps qui découlera de son invention permettra d’initier sans délai les traitements nécessaires. 
Parallèlement à cela, Eric Ménétré s’est penché sur les enjeux entrepreneuriaux de son projet, souhaitant demeurer en Suisse. 
«Le déclic s’est produit lors d’un rendez-vous, l’an dernier. J’ai rencontré Julien Levallois, qui a jugé que nous avions le potentiel pour fonder une start-up et qui nous a indiqué les bons relais. J’ai aussitôt baigné dans un écosystème où j’ai pu trouver toutes les informations nécessaires à la création et à l’accompagnement de ce type d’entreprise. Les premiers fonds, mis à ma disposition par l’Université de Genève, ont été relativement faciles à débloquer. 
Puis les étapes se sont enchaînées grâce à d’autres soutiens, comme celui de la Fongit ou du programme Bridge, développé en commun par Innosuisse et le Fonds national suisse. 
Aujourd’hui, le fondateur d’EEGtal sait qu’il doit maintenir une cadence élevée pour développer son produit, même s’il est satisfait de l’intérêt à ce stade précoce. 
La suite du parcours s’annonce complexe, sachant qu’il sera nécessaire de toucher des marchés internationaux et que, dans son domaine, les questions de régulation, d’assurances ou de mentalité diffèrent d’un État à un autre. Il compte sur l’entraide de ses partenaires et des milieux de l’innovation. «Constater l’existence d’une telle solidarité est aussi une belle découverte», conclut-il.

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