#Retraites Le système de retraites néerlandais est fréquemment cité comme étant l’un des plus performants au monde. La réforme entrée en vigueur en janvier 2021 a inquiété la population, mais devrait permettre au système de se stabiliser.
Le système de retraite néerlandais est considéré comme l’un des plus efficaces au monde. Son premier pilier, l’AOW (Algemene Ouderdomswet), est une retraite publique par répartition, qui garantit aux retraités un revenu indexé sur le salaire minimum. S’y ajoute un système de retraite privée nourri par capitalisation des fonds de pension; ce système est concerné par une réforme votée en 2019 et entrant en vigueur cette année.
En effet, malgré une excellente réputation à l’étranger, le système souffrait d’un réel essoufflement depuis la crise financière de 2008. «Actuellement, les fonds de pension privés sont trop instables. Nous vivons beaucoup plus longtemps qu’avant, les taux d’intérêt sont extrêmement bas et les jeunes accumulent pour une retraite qu’ils ne toucheront peut-être pas. Cela a fini par essouffler le système actuel», explique le professeur Harry van Dalen, à l’université de Tilburg, qui s’intéresse à la confiance de la population vieillissante dans le système de retraite. «Il est trop complexe» corrobore Theo Nijman, directeur de recherche à NETSPAR (le réseau d’études sur les retraites et le vieillissement).
Prestations variables
La réforme de 2019 a transformé un système qui partait des prestations pour déterminer le montant des contributions en un système opposé: ce sont les contributions qui seront fixes. Les prestations dépendront, elles, des fluctuations boursières. Pour remédier à la baisse des taux d’intérêt, les fonds de pension auront désormais des ratios de couverture moins stricts (de 105% à 100%). L’objectif est simple: faire d’un système qui était «trop risqué et confus», selon l’économiste Bas Werker, un système plus résilient. «Un débat persiste sur la part du capital qu’on peut consacrer au versement des retraites actuelles et celle qu’il faut garder pour les futurs retraités. Le capital accumulé jusqu’à aujourd’hui est énorme et représente cent soixante milliards d’euros.»
La réforme, voulue par les fonds de pension privés, n’a pas rencontré de franche opposition de la part des syndicats. «Le plus gros syndicat du pays, le FNV, a même soutenu l’idée de la réforme» confirme le directeur de recherche Theo Nijman.
Population sereine
Les perspectives ouvertes par cette réforme n’inquiètent pas la plupart des Néerlandais. «Une petite partie de la population âgée est exaspérée», relate le professeur Werker, mais rien qui ne menace l’avenir de cette réforme. La seule forme de colère commune concerne l’âge légal de la retraite. En effet, la réforme prévoit de le faire passer de 66 ans et 4 mois à 67 ans à partir de 2024. Alors qu’on voulait initialement le fixer à 68 ans dès 2021, l’opposition des syndicats a tempéré les ardeurs de Mark Rutte, le premier ministre. «L’âge de la retraite reculera au fur et à mesure de l’augmentation de l’espérance de vie et chaque année de plus vaudra huit mois de recul sur l’âge de la retraite», explique Theo Nijman. Les perspectives d’avenir de la nouvelle réforme demeurent favorables, «car une grande majorité des partis politiques et des syndicats ont fini par se mettre d’accord sur celle-ci, après consultation de nombreux spécialistes, dont les scientifiques de NETSPAR», ajoute-t-il.
Une partie de la population, principalement les jeunes, «n’accorde aucune importance au système de retraites», selon Bas Werker, ce qui pourrait avoir une influence dans les années à venir. «Il est vrai que je n’ai même pas songé à ma retraite» confie Stefan, photographe et freelancer. «Cela ne m’inquiète absolument pas, j’y songerai le moment voulu.»
L’inconnue des élections
L’obstacle le plus important demeure le vote des détails de la réforme au Parlement néerlandais. Les élections du 17 mars 2021 pourraient influencer une partie de la réforme, car la coalition n’est toujours pas formée à l’heure actuelle. Malgré un gouvernement probable mené par le Premier ministre sortant Mark Rutte, certains accords peuvent être susceptibles de varier, même si, selon Theo Nijman, ce nouveau système ne rencontrera «probablement» pas de réelle opposition.
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