Reconsidérer la valeur intrinsèque et marchande des arbres en ville

Parc des Bastions, Genève.
Parc des Bastions, Genève.
Flavia Giovannelli
Publié vendredi 07 octobre 2022
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#Arbres Genève doit se donner les moyens d'avoir de beaux espaces verts.

Tous les professionnels le disent: l’arbre est encore le parent pauvre des projets de construction et d’aménagement en ville, même si la situation évolue. Tous s’accordent cependant aussi à dire que Genève fait figure de précurseur dans sa manière de protéger les végétaux. C’est le seul canton - et un exemple unique en Europe - à avoir adopté dès 1977 déjà un Règlement sur la conservation de la végétation arborée, qui pose des normes strictes et détaillées. Il y est ainsi prévu que toute intervention - abattage et élagage - d’arbres doit faire l’objet d’une autorisation. Si ce type d’interventions est dicté uniquement pour faciliter des travaux, les critères sont encore plus sévères. «C’est une bonne chose, car la situation est devenue aigüe, si l’on tient compte de l’évolution du contexte climatique et démographique», précise André Baud, chef du secteur arbres à l’Office cantonal de l’agriculture et de la nature. Selon lui, il faut en profiter pour changer de vision en profondeur: «L’arbre n’est pas un objet, mais un élément de valeur dans un aménagement. Il faut rétablir un meilleur équilibre, notamment quand il s’agit de financer un projet», constate-t-il.

A la Ville, Jean-Gabriel Brunet, chef du service des espaces verts, défend une position dans la même ligne. «Il faut commencer par préserver le patrimoine existant, avant même de vouloir planter de nouveaux arbres.» Cet ingénieur agronome a eu l’occasion, depuis plus de vingt ans, de mettre en place un plan de gestion différenciée. Selon ce concept, il s’agit de varier les modes d’entretien et de culture en tenant compte du type de surfaces, d’usages et des différents intérêts en jeu. En d’autres termes, on cherche à concilier le développement de la biodiversité et la fréquentation du public, avec les impératifs de sécurité et les autres besoins que cela implique sur un territoire dense et exigu. Il faut tenir compte du trafic en surface, mais aussi des infrastructures souterraines, comme le réseau de canalisations ou de l’alimentation électrique pour les trams. Sachant que les racines d’un arbre en pleine terre se développent largement, la planification urbaine implique des arbitrages qui n’ont rien de facile.

Pour les professionnels du monde vert, il serait temps de revoir les priorités et surtout de les traduire dans des budgets. La place accordée aux végétaux arrive trop souvent en fin de projet et pâtit du manque financier. «On serait étonné d’apprendre ce que coûte la création d’un simple trou pour planter», relève Vincent Compagnon. «Si, dans un champ, il faut compter environ cinq cents francs, les sommes peuvent grimper jusqu’à quatre-vingt mille francs en zone urbaine, selon la durée et l’importance des modifications à prévoir.»

En conclusion, si Genève veut avoir des espaces verts encore plus harmonieux, il va falloir qu’il s’en donne les moyens. 

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