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Repenser le partenariat social!

Blaise Matthey Directeur général FER Genève Publié vendredi 04 novembre 2022

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La place du partenariat social en Suisse suscite à nouveau le débat.

La commission de l’économie et des redevances du Conseil national vient d’adopter à une courte majorité une motion visant à redonner aux conventions collectives de travail nationales étendues la prééminence sur les dispositions cantonales imposant un salaire minimum.

La Suisse n’a jamais été

une adepte du salaire minimum généralisé. Elle a préféré la négociation par branches ou au sein des entreprises. Le salaire minimum n’a d’ailleurs été introduit que dans cinq cantons, après avoir été rejeté en votation populaire sur le plan national. En dépit, ou à cause de cette absence, le niveau des salaires et des emplois est demeuré l’un des plus élevés au monde. La comparaison avec les pays ayant introduit un salaire minimum parle d’ailleurs clairement en faveur du système suisse.

Des salaires minimaux

existent pourtant en Suisse. Ils sont fixés pour l’essentiel par le biais des conventions collectives de travail qui s’appliquent, grosso modo, à la moitié de la population active. L’arsenal est complété par des contrats-types de travail pour s’assurer de l’absence de dumping salarial dans certains secteurs non-conventionnés. On est donc loin d’un no man’s land, comme on l’a trop souvent lu ou entendu.

Le partenariat social

dans le secteur privé est un des atouts de la Suisse. S’il va au-delà de la question salariale, celle-ci en constitue néanmoins un élément central. C’est par la négociation des rémunérations, notamment, que le patronat et les syndicats peuvent échanger sur la situation de la branche et sur sa capacité concurrentielle. Chaque partie est ainsi confrontée à la réalité économique de l’autre et invitée à trouver des solutions en commun. Dès lors que les syndicats ont choisi de remplacer très largement la voie conventionnelle par celle de la législation pour l’établissement des salaires minimums, beaucoup d’employeurs considèrent que le noyau du partenariat social a été remis en cause au profit d’une structure étatique.

Dans ces conditions,

le fait qu’un rééquilibrage soit envisagé, en particulier là où la législation est conçue de manière très rigide, comme à Genève et Neuchâtel, ne peut être que salué.

Certes, les dispositifs

cantonaux ont été approuvés démocratiquement, parfois avec l’aval du peuple, mais la portée et la signification du partenariat social n’ont pas vraiment été mesurées. Il est donc légitime que la question soit maintenant clairement posée.