Une PME augmente sa production en consommant moins d’énergie

Pierre Cormon
Publié vendredi 08 septembre 2023
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#APL L’entreprise meyrinoise de sous-traitance horlogère a réduit sa consommation de 40% tout en augmentant ses capacités de production, grâce à une meilleure gestion de l’air comprimé.

C’est une lettre reçue en 2017 qui a tout déclenché. Elle informait APL, une entreprise familiale de polissage dans l’industrie horlogère, à Meyrin, que sa consommation la plaçait parmi les gros consommateurs1 . Cela impliquait des devoirs, et plus précisément l’obligation d’agir pour rationnaliser sa consommation. SIG, le distributeur d’énergie genevois, s’offrait pour aider l’entreprise dans ses démarches.

«La consommation d’énergie ne représente qu’une part limitée de nos coûts et, jusque-là, elle n’était pas au centre de mes préoccupations», raconte Samuel Lobato, son directeur de production. «Du moment où nous devions nous pencher dessus, j’ai décidé de m’y investir complètement.» Une attitude couronnée de succès, puisqu’APL fait partie des lauréats des Trophées de l’énergie 2023 de SIG.

Audit énergétique

APL a chargé un spécialiste externe, recommandé par SIG, d’effectuer un audit énergétique. «Il a examiné la consommation d’énergie de tous les postes des différents ateliers», poursuit Samuel Lobato. Ces résultats ont montré que la fonction la plus gourmande était la production d’air comprimé, assurée par quatre compresseurs.

Ces machines n’étaient pas équipées d’un variateur. Autrement dit, elles fonctionnaient toujours à leur puissance maximale, quels que soient les besoins de l’atelier. D’où une dépense d’énergie substantielle. Elles ont été remplacées par un compresseur doté d’un variateur, ce qui a permis de réaliser des économies de courant notables. Or, le programme éco21 accorde des subventions aux entreprises ayant investi pour diminuer leur consommation. APL a reçu cent trente-sept mille francs, qu’elle a réinvesti dans l’achat d’un second compresseur, afin que l’activité ne soit pas interrompue en cas de panne ou d’arrêt du premier.

L’entreprise et l’auditeur se sont ensuite penchés sur le parc machines. Celles-ci fonctionnent de manière automatisée. Problème: si le traitement d’un lot se terminait, par exemple à 20 heures, quand les équipes étaient parties, elles restaient allumées jusqu’au lendemain, sans nécessité.

Arrêt automatique

«J’ai pris contact avec le fabriquant et il nous a proposé d’ajouter une fonction permettant de stopper les machines automatiquement à partir du moment où elles restaient inactives durant une certaine durée», relate Samuel Lobato. «La mesure a été rentabilisée en deux ou trois mois.» Elle a permis de démonter un mythe fréquent dans l’industrie: celui qui veut que les machines doivent rester chaudes pour pouvoir travailler au mieux. «La qualité des pièces n’a pas été affectée par le fait que nous les coupions entre deux lots», constate Samuel Lobato.

Comme les machines ne tournent plus en permanence, chacune consomme moins d’air comprimé. Le compresseur peut en alimenter davantage. La capacité de production de l’atelier a donc été sensiblement augmentée. D’autres améliorations ont été apportées sur les dégraisseuses, qui ne tournent plus que lorsque cela est nécessaire, et sur d’autres postes. Au total, la consommation a baissé de 40%, alors même que le parc de machines a pratiquement doublé.

Meilleure résilience

Au total, l’entreprise a investi quelques dizaines d’heures et quelques dizaines de milliers de francs dans la démarche. Cette somme a été entièrement récupérée, puis réinvestie dans l’appareil de production. «Cela nous a permis d’être beaucoup mieux placés pour affronter la hausse des coûts de l’électricité», note Samuel Lobato.

Quels sont les points clé lorsque l’on entreprend une telle démarche? «Il faut s’investir complètement et avoir des partenaires capables d’apporter des solutions», répond Samuel Lobato. «Pour nous, cela a été facilité par le fait que le fabriquant de nos compresseurs se trouve dans le Jura, et celui de nos machines en Allemagne. Je ne pense pas que le dialogue aurait été aussi facile s’ils s’étaient trouvés en Asie.» 

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