Valeur locative: une réforme qui pourrait coûter cher aux jeunes propriétaires
Stéphanie Ruegsegger
Directrice département politique générale, FER Genève
Publié vendredi 12 septembre 2025
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Derrière un intitulé technique sur la fiscalité immobilière se cache une réforme d’envergure nationale sur laquelle nous voterons en septembre: la suppression de la valeur locative, cet impôt sur un revenu fictif que paient les propriétaires occupant leur logement principal. Après huit années de débats parlementaires, le projet soumis au vote cet automne propose de supprimer cette imposition, mais aussi plusieurs déductions fiscales qui l’accompagnaient jusqu’ici. Un coup dur pour les jeunes propriétaires. Initiée en 2017 par une initiative parlementaire, la réforme visait à corriger une anomalie fiscale dénoncée de longue date: celle de l’imposition de la valeur locative. Au fil des consultations, deux lignes de fracture se sont dessinées. D’un côté, les partis de gauche refusent de privilégier les propriétaires au détriment des locataires, surtout si les déductions (intérêts passifs, frais d’entretien, mesures énergétiques) sont maintenues. De l’autre, les partis de droite soutiennent la suppression de la valeur locative, mais s’inquiètent des effets d’une réforme trop brutale pour les jeunes propriétaires et pour la rénovation du parc immobilier. Le compromis finalement adopté prévoit la suppression de la valeur locative pour les résidences principales et secondaires, mais aussi celle des déductions pour entretien, assainissement énergétique et intérêts passifs, sauf exceptions très limitées. Pour compenser les pertes fiscales, en particulier dans les cantons de montagne, une hausse de l’impôt réel sur les résidences secondaires est également actée. C’est sur ce volet que les citoyens voteront, via un référendum obligatoire. Le projet avantagerait, dans les faits, les propriétaires ayant déjà amorti leur bien et qui ont peu de frais à prévoir — souvent les plus aisés. À l’inverse, les jeunes propriétaires, encore endettés et engagés dans des rénovations, seraient pénalisés. L’impact sur l’assainissement énergétique est particulièrement préoccupant, alors que ces travaux sont aujourd’hui déductibles. Supprimer ces incitations fiscales dans le contexte climatique actuel interroge. Face à ces risques, et même si la proposition initiale était pertinente, la meilleure réponse à apporter à ce projet est un rejet dans les urnes. La Suisse connaît déjà un pourcentage de propriétaires plus bas que ses voisins; il convient donc de ne pas décourager davantage cette possibilité. Quant à la rénovation du bâti et à l’adaptation à la transition énergétique, elles seraient freinées par une réforme fiscale mal calibrée. Le statu quo reste, à ce jour, la solution la plus équitable pour garantir une fiscalité cohérente, un accès équilibré à la propriété et une politique énergétique responsable.
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