Association Ukraine reborn: priorité à l’employabilité

Nadiia Olarean , fondatrice et présidente de l'association Ukraine reborn.
Nadiia Olarean , fondatrice et présidente de l'association Ukraine reborn.
Flavia Giovannelli
Publié vendredi 28 février 2025
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#Permis S Après l’urgence humanitaire de 2022, l’intégration socio-professionnelle devient un enjeu clé.

Contraints à l’exil par la guerre, de nombreux Ukrainiens sont arrivés en Suisse pour des raisons humanitaires. Fin 2023, on en comptait environ quatre mille trois cents dans le canton de Genève, essentiellement des femmes, des enfants et des personnes âgées, selon l’Hospice général. Ce chiffre fluctue en fonction du contexte, mais reste significatif.

Face aux défis liés à cette migration forcée, Nadiia Olarean a cofondé, avec plusieurs partenaires, l’association Ukraine reborn, qu’elle préside aujourd’hui. «Au début de la guerre, il y a trois ans, l’urgence portait sur la logistique, l’accueil et le soutien de première nécessité. Aujourd’hui, notre mission a évolué. Nous mettons désormais l’accent sur l’intégration, tant professionnelle que sociale», explique-t-elle.

Fusion avec la culture locale

L’association a mis en place un programme de profilage professionnel fondé sur une approche pragmatique qui tient compte des spécificités des parcours ukrainiens. Nadiia Olarean adhère à la vision de Beat Jans, Conseiller fédéral en charge du Département fédéral de justice et police, qui plaide pour une meilleure employabilité des détenteurs du permis S – le statut temporaire accordé aux réfugiés ukrainiens.

En mars 2025, un nouveau programme sera lancé pour renforcer leurs chances d’insertion sur le marché du travail. «Mes compatriotes ont un niveau d’éducation élevé, avec un fort taux d’universitaires. Cependant, le système éducatif ukrainien privilégie l’apprentissage du russe et de l’anglais, alors que le français et l’allemand sont enseignés de façon plus marginale», souligne-t-elle. L’accent sera mis sur l’acquisition du français et sur les différences culturelles à connaître lorsque l’on veut se lancer dans une recherche d’emploi efficace, comme les différences de comportement social dans le pays d’accueil. L’acquisition de cette compétence est d’autant plus cruciale qu’elle conditionne toute l’intégration sociale.

Nadiia Olarean soulève également une autre difficulté qui entrave le chemin vers une insertion plus complète: l’impossibilité de recourir à un soutien psychologique professionnel destiné aux réfugiés dans leur langue maternelle, en raison de processus bureaucratiques. «Il est essentiel que les Ukrainiens puissent retrouver un équilibre mental pour exploiter pleinement leurs capacités cognitives et accélérer leur apprentissage», insiste-t-elle. Grâce aux centres d’accueil répartis dans le canton, Ukraine reborn œuvre également pour maintenir un lien actif avec l’Ukraine. L’association dispose d’une bibliothèque et de ressources pédagogiques en ukrainien et mène diverses actions pour contribuer à la reconstruction du pays. Elle établit également des ponts avec d’autres communautés de réfugiés afin de mutualiser les efforts et de renforcer l’impact de ces initiatives.

Modérer ses exigences

Le statut S, valable jusqu’en mars 2025, n’ayant pas été conçu pour des séjours de longue durée, l’avenir des réfugiés ukrainiens en Suisse demeure incertain.

Trois ans après le début du conflit, la situation en Ukraine ne permet toujours pas un retour en sécurité pour la majorité d’entre eux. Dans ce contexte, l’emploi à Genève constitue un levier de stabilité. C’est pourquoi l’association encourage ses bénéficiaires à accepter un poste, même en dessous de leurs qualifications, plutôt que de rester inactifs. Tant que l’issue du conflit reste imprévisible, la capacité à se projeter dans un avenir serein demeure un défi. «Nous sommes très reconnaissants envers la Suisse pour son accueil et son aide humanitaire efficace, même si nous devons nous adapter. Les Ukrainiens sont habitués à une communication très directe, tandis que les Suisses valorisent davantage la discrétion et la vie privée. Ces approches ne sont ni meilleures ni moins bonnes, elles sont simplement différentes», conclut Nadiia Olarean.

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