Convention des entreprises pour le climat: la Suisse romande s’y met

Le mouvement, né en France, où il connaît un joli succès, commence à inspirer les entreprises suisses.
Le mouvement, né en France, où il connaît un joli succès, commence à inspirer les entreprises suisses.
Steven Kakon
Publié mercredi 03 juillet 2024
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#Climat Véritable succès en France, le parcours CEC s’implémente dans la région à partir de janvier 2025. Quelques cinquante entreprises sont déjà partantes.

Un mouvement né en France inspire les entreprises suisses. Le 24 juin, la Convention des entreprises pour le climat (CEC) a été officiellement lancée en Suisse romande. Quelque cinquante entreprises s’engagent dans le premier parcours CEC Suisse qui débutera en janvier 2025.

Créée en décembre 2020, la CEC a pour vocation d’organiser des parcours de prise de conscience et de transformation pour les décideurs économiques. Sa raison d’être? «Rendre irrésistible la bascule d’une économie extractive vers une économie régénérative d’ici à 2030.»

Rupture

Partant du postulat que «les entreprises peuvent agir plus rapidement que l’Etat et les citoyens», Etienne Auvillain, copilote CEC, explique que celle-ci veut les encourager et les accompagner à prendre leur part dans la transition écologique. Il résume les trois objectifs de l’association, le premier étant «d’aller au-delà de la durabilité avec un modèle d’affaire à impact positif, qui ne consiste pas seulement à limiter ses externalités négatives». Il s’agit ensuite d’impliquer les dirigeants des entreprises, sans qui les ambitions peuvent difficilement se concrétiser. Enfin, le troisième pilier consiste à travailler en intelligence collective avec d’autres dirigeants.

L’enjeu dépasse le climat et touche aux limites planétaires. Outre la décarbonation des activités, il s’agit de leur transformation en adéquation avec les limites planétaires, telles que quantifiées par le Stockholm Resilience Center, dont six parmi neuf ont déjà été dépassées. A cet égard, les chefs d’entreprise font tous face au «dilemme du prisonnier»: à quoi bon m’infliger le coût de la vertu environnementale si j’anticipe que mes concurrents ne vont pas suivre, flairant l’opportunité de récupérer mes parts de marché? «La littérature sur le sujet est claire: il se résout par la coopération et celle-ci existe lorsqu’elle est nourrie par la confiance», pointe le rapport final de la première CEC.

Feuille de route

Se voulant «apprenant et agissant», le programme rassemble des entreprises de toutes tailles et secteurs d’activité. Il s’étale sur dix mois (de janvier à novembre 2025), échelonné sur six sessions de deux journées. Les participants seront invités à rendre publique la feuille de route qu’ils auront élaborée pour leur entreprise. Celle-ci sera publiée sur le site internet de la CEC, comme celle de tous les «alumni».

La méthodologie alterne trois types de séquence, à savoir des plénières avec des conférences d’experts et de témoins inspirants, des ateliers pour explorer les sujets en «mettant les mains dedans» et des «camps de base», soit des sous-groupes animés par un binôme coach & facilitateur. Ces groupes permettent de créer un cadre où se libère l’intelligence collective en faveur d’une économie durable et prospère qui intègre les objectifs de protection de la biodiversité et de régénération du vivant.

Une analogie aux parties du corps humain est employée lorsque l’on en vient à la pédagogie puisque la tête (comprendre, apprendre); le cœur (ressentir, lâcher prise) et le corps (volonté d’agir, mise en action) sont mobilisés.

Décliné à l’échelle régionale en France, le programme suisse se veut également ancré sur le territoire et adapté aux besoins des entreprises. «Il aura une réalité romande par ses intervenants, ses coachs et son organisation», relève Etienne Auvillain. «Les entreprises candidates seront recrutées en plusieurs vagues par un comité de sélection», précise-t-il. La CEC a-t-elle pris racine dans d’autres pays? «Des équipes sont en train de se constituer en Belgique et au Royaume-Uni», répond Etienne Auvillain, qui présage qu’«elle rencontrera certainement un grand succès dans de nombreux territoires».

Sursaut

«Deux éléments déclencheurs m’ont amené à participer à la CEC: d’abord, la diversité des acteurs réunis autour de la table, avec l’opportunité d’ouvrir mon esprit, puis le fait de travailler avec les autres pour amener des solutions à mon entreprise», confie Raphaël Zaccardi, ancien directeur général de la filiale française de la société Caterpillar devant un auditoire composé d’anciens participants et de volontaires pour l’édition suisse à venir. «J’avais besoin de voir autre chose», partage-t-il, avant de parler d’une «expérience unique dans laquelle «on va vous pousser» et où «la confidentialité des échanges est garantie et permet de se libérer». «C’est nous contre le carbone», illustre pour sa part Jacques-André Eberhard, fondateur et directeur d’Open Net, motivé à s’engager dans le parcours Suisse et reconnaissant par la même occasion avoir «besoin d’un groupe pour aller plus loin». «La CEC commence par une prise de conscience de l’urgence», témoigne Vincent Wauters, président directeur général du groupe Rossignol, qui a participé au premier parcours en France. n

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