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Garantir la sécurité et la liberté de circuler

Blaise Matthey Directeur général FER Genève Publié le vendredi 04 mars 2022

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Lutte contre la criminalité internationale, politique commune de visas pour les séjours de courte durée, liberté de voyager et fluidité du trafic transfrontalier, la Suisse bénéficie de son association à l’espace Schengen.

En plus de la sécurité au sens large, il faut rappeler les atouts de cet accord pour le tourisme et l’économie suisse. Grâce au visa commun, les ressortissants d’Etats tiers n’ont plus besoin de demander un visa suisse séparé. L’attractivité de la Suisse comme destination touristique, mais aussi comme place économique et scientifique, en a été renforcée. Enfin, la suppression des contrôles aux frontières intérieures a simplifié la liberté de voyager en Europe et a engendré des économies en temps et en argent considérables.

Malgré ces avantages,

l’accord de Schengen se trouve une nouvelle fois au menu d’une votation populaire. Les référendaires, qui viennent de bords opposés, font preuve de mauvaise foi et se contredisent. Les uns dénoncent des restrictions excessives à la migration, les autres l’inefficacité du dispositif de contrôle des frontières extérieures de l’espace Schengen assuré par l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, communément appelée Frontex. Que le dispositif ne soit imparfait n’est pas contesté. C’est pour cela que cette agence va se renforcer.

Elle pourra ainsi mieux accomplir ses missions, qui comprennent la lutte contre la criminalité transfrontalière et le contrôle des migrations. En tant que pays associé à l’espace Schengen qui bénéficie de ce renforcement pour sa sécurité et son économie, la Suisse doit augmenter son implication dans l’agence. Les opposants à cette participation renforcée ne proposent pas d’alternative crédible. Comme lors de précédentes votations sur les sujets européens, ils expliquent que la Suisse ne sera pas exclue de l’espace Schengen en cas de refus. La recherche suisse l’a pourtant été des programmes européens à la fin des discussions sur l’accord cadre et il en sera très probablement de même pour le contrôle des frontières.

Le véritable enjeu

est le maintien de la Suisse dans l’espace commun de liberté, de sécurité et de justice de Schengen. Elle y a un droit de participation en contrepartie d’une mise en œuvre de ses développements. En cas de refus, outre l’espace Schengen, elle sera exclue de l’espace de coopération Dublin qui concerne les demandes d’asile. La Suisse, qui ne pourra plus renvoyer les réfugiés dans le pays européen de provenance, risque alors de devenir la destination de prédilection des réfugiés. Un non le 15 mai serait un nouveau signal désastreux envers nos partenaires européens, nos entreprises, le secteur touristique en premier lieu, et irresponsable par rapport à la politique d’asile de notre pays en ces temps troublés.