#Intelligence collective Le phénomène a été étudié par un chercheur de l’Université de Genève, notamment dans les milieux informatiques. Il en a tiré quelques constats.
Individuellement, les fourmis ne sont pas très malignes. Collectivement, elles parviennent à résoudre des problèmes d’une grande complexité, comme la construction d’habitats pouvant accueillir des millions d’individus. Individuellement, les humains sont bien plus intelligents. Toutefois, dans certains cas, ils le sont encore plus en associant leurs compétences. Comme les fourmis. Il s’agit d'exemples d’intelligence collective. Le phénomène a été étudié par Thomas Maillart, maître d’enseignement et de recherche à la Faculté d’économie et de management et à la Faculté de médecine de l’Université de Genève. Il s’est notamment intéressé aux communautés mettant au point des logiciels open source. Il a fait plusieurs constats, qu’il a exposés au magazine Campus, publié par l’institution. a Le recours à l’intelligence collective n’est pas indiqué dans tous les cas. «Lorsqu’on se trouve face à un problème dont les contours et l’origine sont relativement bien définis, le recours à un ou plusieurs spécialistes reste la meilleure solution», note le magazine. a L’intelligence collective peut en revanche s’avérer précieuse pour s’attaquer à des problèmes ayant les caractéristiques inverses: leurs contours sont flous, ils mettent en jeu différents savoirs, les solutions toutes faites n’existent pas, ils suscitent des opinions divergentes, etc. Pensez au dérèglement climatique, aux migrations, à la criminalité, par exemple. a Les participants à la résolution d’un problème doivent savoir ce que les autres font, sur le principe du peer review. Ils doivent aussi pouvoir choisir eux-mêmes les tâches qu’ils souhaitent accomplir – ou non. a Le travail de ces groupes alterne entre périodes routinières et activités exceptionnelles – comme la participation à un congrès. «Cette façon de briser la routine provoque des pics d’activité spectaculaires», observe Thomas Maillart. a Si le fait de se réunir entraîne une hausse mesurable de la productivité, à partir d’un certain stade, l’accélération de la productivité se réduit avec l’accroissement de la taille du groupe. Le domaine de la cybersécurité fait largement appel à l’intelligence collective, comme pour identifier des failles de sites ou de logiciels contre récompense. «Il y a une limite au nombre de bugs qu’un seul individu peut identifier», affirme Thomas Maillart. «Passé un certain stade, n’importe quel expert finit par tourner en rond.» L’appel à des compétences externes permet de contourner le problème.
«Un pour tous, tous pour un», Campus No 156, mars 2024.
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