Paradoxale Chine! Cette grande puissance produit aujourd’hui près de douze milliards de tonnes de CO2 par an, soit deux fois plus que les États-Unis et trois fois plus que l’Europe. Ce triste record en fait le plus grand émetteur mondial. Elle le doit au fait que la plupart de ses émissions sont liées à sa forte dépendance vis-à-vis des combustibles fossiles, qui représentent près de 85% de son mix énergétique. Pourtant, Pékin affiche désormais une ambition claire: devenir le champion mondial de la transition énergétique. Un paradoxe tenable? Bien plus que cela, puisqu’il s’agit d’une stratégie à la fois écologique, économique et géopolitique, scrutée de près par les experts. La souveraineté énergétique du pays est en ligne de mire. Cette mutation se traduit déjà par l’avance spectaculaire que la Chine a prise dans la chaîne de valeur du solaire. Elle contrôle près de 80% des capacités de production mondiales, tous composants confondus, et semble irrattrapable. Loin d’être purement vertueux, ce virage vise aussi à réduire sa dépendance au pétrole, dont elle reste le plus grand importateur mondial, et à maîtriser son mélange énergétique en s’appuyant sur des technologies made in China. La Chine appuie nettement sur l’accélérateur, annonçant des objectifs ambitieux, parmi lesquels la neutralité carbone à l’horizon 2060. Au premier trimestre de cette année, la baisse des émissions de CO2 est déjà perceptible, même si la demande d’électricité continue de croître, portée par ses investissements massifs dans le renouvelable. À l’avenir, ce changement pourrait redéfinir les rapports de force mondiaux en opposant les nouveaux acteurs de l’électrification aux puissances fossiles d’hier. La baisse rapide des coûts dans les énergies renouvelables, l’essor des véhicules électriques, des pompes à chaleur et autres solutions bas carbone créent un effet boule de neige. Il s’accompagne d’une promesse de croissance verte et de création massive d’emplois. Mais aussi, inévitablement, de frictions, de gagnants et de perdants. La guerre commerciale engagée récemment par les États-Unis, notamment via des taxes sur les équipements photovoltaïques chinois, en est un premier symptôme. La Suisse, à son échelle, ne peut évidemment pas entrer dans cette confrontation. Mais elle a tout à gagner à renforcer son autonomie énergétique, à travers une stratégie fondée sur l’innovation, l’agilité industrielle et la sécurité d’approvisionnement. Il ne s’agit pas seulement de suivre la transition: il faut savoir sur quels secteurs miser pour en devenir un acteur clé. La recomposition du monde implique de mettre un accent renforcé sur des qualités précises. Flexibilité et clairvoyance seront nos meilleures alliées. La révolution verte est en marche. À nous d’en faire une force.
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