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Ne ruinons pas l'avenir en punissant les entreprises familiales

Valérie Bourdin Déléguée aux affaires fédérales, FER Genève Publié lundi 10 novembre 2025

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Le 30 novembre, les Suisses voteront sur l’initiative Pour une politique climatique sociale financée de manière juste fiscalement, dite initiative pour l’avenir. Derrière ce titre se cache une mesure radicale: taxer à 50% les successions et donations dépassant 50 millions de francs. Une proposition qui risque de porter un coup sévère au tissu économique suisse et à la cohésion sociale. Elle prétend cibler les ultra-riches. Dans les faits, elle attaque des entrepreneurs, des bâtisseurs, des fabricants et des créateurs d’emplois. En taxant brutalement les successions, l’initiative menace des entreprises suisses souvent transmises sur plusieurs générations et qui forment la colonne vertébrale de l’économie. Les familles fondatrices pourraient être contraintes de vendre des actifs ou de licencier pour faire face à une charge fiscale trop lourde. Pénaliser et affaiblir les PME ou, pire, contraindre les chefs d’entreprise à abandonner l’œuvre d’une vie: est-ce cela la promesse d’avenir de cette initiative? La Suisse n’a pas bâti sa prospérité sur la confiscation, mais sur la stabilité, la prévisibilité et l’investissement sur le futur avec un passage de flambeau intergénérationnel. Contrairement à ce que les initiants veulent faire croire, une fortune ne se résume pas à des liquidités dormantes. Elle est souvent investie dans des outils de production, des terres, des immeubles, des emplois, des savoir-faire. Les taxer à hauteur de 50% reviendrait à affaiblir les entreprises au moment de leur plus grande vulnérabilité: la transmission. La promesse d’avenir de cette initiative, ce sont surtout des pertes fiscales et non des gains. Pourquoi? Parce que la plupart des personnes concernées prendront des mesures pour éviter de devoir vendre tout ou partie de leur entreprise. Comment? En déménageant à l’étranger. On parle ici des propriétaires de l’entreprise et non de l’entreprise elle-même. L’impôt sur les successions est en effet prélevé sur le lieu de domicile. La Suisse perdrait ainsi non seulement les recettes issues de cet impôt, mais également celles provenant des impôts sur le revenu et sur la fortune. Cette perte de recettes fiscales mettra la pression sur le financement de services publics comme l’éducation, la sécurité ou l’aide sociale. Enfin, l’idée que ce nouvel impôt permettrait de financer la transition climatique est trompeuse. Les recettes seraient volatiles, dépendantes de transmissions ponctuelles et imprévisibles. Qui plus est, financer la transition climatique exige des investissements, de l’innovation et de la confiance. Les entreprises contribuent largement à la durabilité par leur action, notamment dans les domaines de la recherche et du développement. La politique climatique ne doit pas servir de prétexte pour ruiner la prospérité de la Suisse. Cette initiative pénalise ceux qui ont – sur plusieurs générations – construit, transmis et investi dans le pays. Elle envoie un signal inquiétant: en Suisse, la réussite pourrait désormais être punie. À l’heure où la concurrence fiscale internationale s’intensifie, ce message est plus que dangereux. La Suisse a besoin d’une politique climatique efficace, sans fracture économique ou sociale. Il convient de refuser cette initiative qui veut détruire l’avenir.

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