Opinions

Sucre, je t’aime, mais je te quitte

Véronique Kämpfen Publié jeudi 03 octobre 2024

Lien copié

Un mois sans sucre.
Enthousiasmée par cette proposition de ma prof de pilates, je me suis lancée dans cette aventure en ce mois d’octobre.
La question du sucre dans nos assiettes et boissons est d’actualité. Le Conseil fédéral envisage d’interdire la publicité pour des denrées alimentaires destinées aux enfants de moins de 13 ans. Pourtant, depuis 2010, de nombreux fabricants suisses d’aliments et de boissons respectent le Swiss Pledge, un engagement volontaire qui stipule que les entreprises ne doivent pas faire de publicité pour certains aliments si au moins 30% du public d’un média sont des enfants de moins de 13 ans.
Cela ne semble plus suffire aux autorités qui entendent élargir la disposition. Les combats politiques sur cet objet s’annoncent rudes. Les branches économiques touchées s’inquiètent des possibles répercussions d’une telle disposition, qui reviendrait à une interdiction pure et simple de la publicité.
La sensibilisation à de bonnes habitudes alimentaires est essentielle et doit se faire dès le plus jeune âge. En témoigne l’épidémie de diabète de type 2 qui touche des personnes de plus en plus jeunes. Quinze pour cent des enfants et adolescents sont en surpoids ou obèses. Une mauvaise alimentation et la sédentarisation en sont les premières causes. L’Organisation mondiale de la santé recommande de limiter la consommation de sucres à 10% au maximum de l’apport énergétique. L’Office fédéral de la sécurité alimentaire (OSAV) estime qu’en Suisse, on en consomme deux fois plus.
Un des axes de combat de l’OSAV est de réduire la quantité de sucres dans les aliments transformés. La Déclaration de Milan s’inscrit dans ce cadre. Vingt-quatre grandes entreprises suisses y ont souscrit volontairement et se sont engagées à réduire la teneur en sucre dans certaines catégories d’aliments comme les céréales pour le petit-déjeuner ou les boissons rafraîchissantes. L’atteinte des objectifs est fixée à fin 2024. D’ores et déjà, la teneur en sucres ajoutés des yogourts a baissé de plus de 5% depuis 2018 et celle des céréales pour petit-déjeuner de 13%.
Lexcès de sucre mérite une réponse coordonnée à grande échelle, comme celle proposée par la Déclaration de Milan ou Swiss Pledge. La prise de conscience individuelle reste cependant indispensable. Observer de manière critique ce qu’on achète, comment on se nourrit et de quelle manière on cuisine pour les autres – et notamment pour nos enfants – reste la façon la plus immédiate de réduire les risques. En réalité, ce n’est pas d’un mois sans sucre dont nous avons besoin, mais d’une vie avec le moins de sucre possible.